Archives mensuelles : janvier 2025

Bienvenue sur le blog du CICUR !

Editorial

Dans l’ombre des résultats du bac, les décrochés
Lucie Mougenot
1er mai 2025
Dans quelques semaines, des milliers de jeunes passeront leur baccalauréat et attendront avec impatience les résultats. Leur publication est toujours un moment très attendu et fait l’objet de nombreux commentaires dans les médias, qui se fondent avant tout sur des comparaisons… >>>

Vient d’être ajouté à nos Ressources
↔ [texte] Savoirs de l’école et savoirs du monde : enjeux d’une relation complexe à redéfinir, par Roger-François Gauthier (dans le cadre du CNESCO)
Accès public. La première partie de ce document entend montrer en quoi les questions relatives aussi bien à la réception de nouveaux savoirs à l’École, qu’aux liens entre les savoirs de l’École et des savoirs extérieurs se posent dans un paysage déterminé, à la fois historiquement hostile et dont les acteurs sont souvent peu conscients des effets de sa propre fermeture.
La deuxième partie montre qu’avec la modernité, la question de l’ouverture de l’École à de nouveaux savoirs aussi bien que la question des liens entre les savoirs de l’École et des savoirs extérieurs a souvent été posée et traitée de fait, mais sans programme ni pensée gouvernante suffisamment partagée ; cette carence charge la question d’une gravité particulière dans le
contexte contemporain fait d’urgence épistémique aussi bien que de remise en cause de la nécessité de savoirs scolaires publics et communs.
La troisième partie pose les questions suivantes : y a-t-il ou non nécessité de s’interroger quant aux finalités au nom desquelles quelque chose peut être décidé en termes de savoirs ? Peut-on s’en tenir à la situation décrite ou bien quelle serait la nécessité de définir une relation d’ordre, et laquelle, entre les savoirs retenus par l’École et les autres ? Est-il possible de définir les conditions de ce que seraient des savoirs scolaires adaptés au contexte général contemporain des savoirs ?

Arbitrages ministériels : des reculs pour sauver l’essentiel

Jean-Pierre Véran
18 janvier 2025

Quelques pas en arrière bienvenus de la part de la nouvelle ministre ne peuvent cacher l’entêtement confirmé dans une politique des savoirs ségrégative, à l’origine d’inégalités dans les acquisitions et la réussite des élèves.

Les premiers arbitrages présentés par la ministre Elisabeth Borne marquent, à rebours de ses prédécesseures, un double recul par rapport aux mesures annoncées à l’occasion du choc des savoirs par M. Attal et aux mesures d’économies budgétaires préparées par l’éphémère premier ministre M. Barnier. On ne peut que se réjouir de voir la ministre renoncer à instaurer un examen d’entrée au lycée en faisant du brevet une épreuve couperet, et annoncer le renoncement aux 4000 suppressions de postes prévues en 2025, « un choix fort », qui, selon ses propres termes « reflète notre ambition de réduire les inégalités entre les élèves et les territoires »[1].

Pour être  « forts », ces choix ne sauraient effacer que rien ne change sur le fond de la politique des savoirs menée par les différents ministres depuis 2017. « A la rentrée 2025, nous intensifierons également nos efforts en faveur de l’apprentissage des fondamentaux, pour élever le niveau des élèves. »

Une nouvelle fois, « l’apprentissage renforcé des fondamentaux » est donné comme la garantie permettant d‘« élever le niveau des élèves ».

Ces fondamentaux ne sont ni discutables ni discutés : en se référant à une mythologie inventée de toute pièce, celle de l’école républicaine du « lire, écrire et compter », on réduit les ambitions d’apprentissage à deux matières scolaires, le français et les mathématiques, qui se taillent depuis longtemps la part du lion dans les heures d’enseignement et de soutien, sans que pour autant « le niveau » des élèves augmente. C’est refuser de voir que donner plus d’heures d’enseignement dans les matières où les élèves sont fragiles ne résout pas la difficulté, comme de reconnaître que l’on lit, écrit, s’exprime et compte dans d’autres matières que le français et les mathématiques. C’est donner le sentiment que, si on ne réussit pas dans ces deux disciplines scolaires, la réussite est quasi hors de portée.

La question du niveau des élèves, comme on a pu le voir récemment dans la dernière livraison des Carnets rouges[2]cache, derrière une apparente évidence, une véritable imposture. Plutôt que de parler du niveau, et de sa baisse tendancielle, ne devrait-on pas plutôt s’intéresser aux acquisitions des élèves, et à l’inégale répartition de ces acquisitions ?

Pourquoi ces acquisitions sont-elles inégales ? Pour la ministre, les inégalités peuvent provenir des élèves eux-mêmes (les bons d’un côté, les mauvais de l’autre) et des territoires (quartiers privilégiés vs quartiers prioritaires). En aucun cas n’est envisagé que ces inégalités proviennent des choix faits dans le cadre d’une politique des savoirs qui, comme si cela allait de soi, ne retient pour ce qu’on enseigne aux élèves et ce qu’on évalue pour déterminer leur niveau, qu’un nombre limité de disciplines scolaires, une part essentielle de leur formation, prescrite ou non, échappant à cette évaluation. Sont donc particulièrement avantagé(e)s par cette politique des savoirs résolue celles et ceux qui, chez elles et eux, baignent dans une culture académique partagée. Les autres ? Eh bien, qu’elles et ils travaillent davantage leurs “fondamentaux”, et que, très vite, on leur dessine une orientation vers des formations alternatives à la voie royale de l’enseignement général.

Cette réalité-là, Mme Borne, pas plus que celles et ceux qui l’ont précédée à son poste ministériel, ne veut pas la voir. On peut bien renoncer à un examen couperet d’entrée au lycée tant qu’on ne touche pas à la compétition scolaire fondée exclusivement sur des enseignements généraux.

Une autre politique est possible. Le CICUR en a dessiné les lignes de force en 2024 dans le Manifeste pour le Collège, il y revient en 2025 avec Oser une école commune : savoir et agir pour faire société.

Si la ministre voulait vraiment « réduire les inégalités entre les élèves et les territoires », il faudrait mettre en débat la politique des savoirs. Mais pourquoi le ferait-elle ? La force de la politique des savoirs actuellement menée, c’est qu’elle impose à toutes et à tous un mètre étalon de la réussite scolaire qui ne convient qu’à certains et pas à tous, sans que son injustice fondamentale soit manifeste, tant elle a formaté les esprits de génération en génération. Le véritable « choc des savoirs » serait d’entrer, comme nous y invite le CICUR, dans la boîte noire de cette politique des savoirs.

Ce texte est une version remaniée du billet publié sur le blog de l’auteur.

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[1] https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/17/les-premiers-choix-d-elisabeth-borne-pour-l-education-nationale_6502664_3224.html

[2] https://carnetsrouges.fr/numeros/carnets-rouges-n32-octobre-2024/ Voir notre compte rendu.

Le lycée en Angleterre, en Italie et en France

Janvier 2025

Luisa Lombardi, Le lycée en Angleterre, en Italie et en France : contribution à l’analyse des curricula et à la comparaison internationale en éducation, Presses universitaires du Septentrion, 2025, 220 p.
Présentation de l’éditeur

Allant au-delà des apparences d’équivalence entre les systèmes éducatifs sur lesquelles se fondent les évaluations internationales, cet ouvrage s’attache à révéler les conceptions profondes de l’éducation qui irriguent les lycées dans trois systèmes éducatifs, l’anglais, l’italien et le français. L’originalité et l’intérêt de l’ouvrage résident dans le choix de l’auteure de mettre au centre de son analyse le curriculum, en révélant les expériences d’apprentissage et les différentes visions de l’éducation qu’ils expriment, de façon explicite ou non. Ainsi, la formation du lycéen « expert » en Angleterre contraste-t-elle avec celle du lycéen « cultivé » en Italie et du lycéen que l’école formate d’abord, en France, sans qu’on en ait conscience, comme « stratège ». Cette exploration internationale permet de mieux comprendre les enjeux liés aux réformes des curricula, à l’utilisation de la comparaison en éducation et à la définition de ce qu’est le lycée au sein d’une société.

Contre l’école injuste !

Présentation de l’éditeur

Cet ouvrage, bref et percutant, dénonce les blocages et les imaginaires qui caractérisent la forme actuelle de l’École en France et empêchent sa démocratisation.

Philippe Champy et Roger-François Gauthier ont choisi de traiter la question sous un angle original, celui des savoirs scolaires eux-mêmes : quels savoirs l’École enseigne-t-elle ? Quels impacts réels ces savoirs ont-ils sur les élèves ? Les auteurs s’étonnent que ces sujets de fond restent éludés alors même que la critique des inégalités de toutes sortes qui caractérisent l’École est désormais admise.

Héritage souvent inconscient de traditions reconduites sans examen, l’École se construit avec des disciplines trop étanches et des savoirs scolaires fractionnés entre l’école primaire, l’enseignement secondaire et l’enseignement professionnel. Une organisation qui ne répond pas à l’apprentissage du monde complexe dans lequel les élèves d’aujourd’hui doivent apprendre à vivre.

À l’heure de la diffusion à grande échelle de fake news et de théories complotistes qui voudraient ébranler toute idée de vérité et d’humanité, mais où apprendre la culture de l’autre est devenu un outillage indispensable pour tout futur citoyen, tous les savoirs dont l’École est responsable doivent être repensés, afin d’assumer d’authentiques finalités démocratiques et d’être au clair avec les défis planétaires qui se posent à l’humanité.

Disponible dans toutes les librairies.

Plus d’infos sur le site de l’éditeur


22 janvier 2023

Sur France Culture, dans le cadre de l’émission “Divers aspects de la pensée contemporaine”, Emmanuelle Huisman-Perrin (Union rationaliste) s’entretient avec Roger-François Gauthier et Philippe Champy, auteurs de Contre l’école injuste ! 

Pour réécouter l’émission : Contrer l’injustice à l’école


16 janvier 2023

Dans le quotidien Le Monde, présentation par Luc Cédelle de l’ouvrage Contre l’école injuste !, accompagnée d’une interview de Philippe Champy dans laquelle la démarche du CICUR est évoquée à grands traits.

Lire l’article (abonnés) : « Constatant une crise de l’“école républicaine”, nous cherchons à comprendre les échecs des réformes successives » (lemonde.fr)


13 janvier 2023

Participation de Philippe Champy et Roger-François Gauthier, auteurs de Contre l’école injuste !, à une audition de la commission Culture et éducation de Génération Ecologie sur le thème : “Repenser les savoirs à enseigner”.


1er octobre 2022 : webinaire avec les auteurs de Contre l’École injuste !
LE CRAP-Cahiers pédagogiques, en partenariat avec les éditions ESF Sciences Humaines, organise le samedi 1er octobre 2022 à 10h30 un débat éducatif ayant pour titre « Contre l’école injuste ».

Texte d’annonce

“Ce débat éducatif accueillera Philippe Champy et Roger-François Gauthier, auteurs du livre Contre l’école injuste !. Cet ouvrage bref et percutant dénonce les blocages et les imaginaires qui caractérisent la forme actuelle de l’École en France et empêchent sa démocratisation. L’angle choisi est fort intéressant car ce sont les savoirs scolaires eux-mêmes qui sont interrogés : comment participent-ils à la mise en place d’inégalités de toutes sortes dans le système scolaire ?

À l’heure de la diffusion à grande échelle de fake news et de théories complotistes, apprendre la culture de l’autre est devenu un outillage indispensable pour tout futur citoyen, tous les savoirs dont l’École est responsable doivent être repensés afin d’assumer d’authentiques finalités démocratiques et d’être au clair avec les défis planétaires qui se posent à l’humanité.

Ces questions fondamentales et d’autres encore seront abordées avec les auteurs.”


27 septembre 2022 : parution de l’article “Quels savoirs pour une école juste ?” dans AOC
par Roger-François Gauthier et Philippe Champy

“La rentrée scolaire a vu Emmanuel Macron dresser de lui-même un bilan très négatif de l’état du système scolaire, sans pour autant remettre en cause les mécanismes de sélection qui président à son fonctionnement. Mère de toutes les batailles, l’injustice à l’école ne donne lieu qu’à des mesurettes, alors qu’elle supposerait une refonte complète. En effet, sans justice scolaire, sans égalité dans l’accès au savoir, comment la France peut-elle prétendre à la démocratie ?”


Le point de vue de Marie Blandin
Le point de vue de Sihame Chkair
Le point de vue de Maryline Coquidé
Le point de vue de Charles Hadji

Ce que l’école devrait apprendre à tous

Denis Paget Ce que l’école devrait apprendre à tous. Se connaître, S’ouvrir, Se relier Editions du Croquant, en librairie (15€), en version pdf (12€).

Présentation de l’éditeur

L’auteur en parle

Comptes rendus de lecture

Présentation de l’éditeur

Denis Paget a enseigné pendant plus de 40 ans. Il a assumé en parallèle diverses fonctions au sein du SNES-FSU comme responsable des contenus d’enseignement et de la pédagogie et a
écrit plusieurs ouvrages sur ce que l’école française enseigne et/ou devrait enseigner.
Il a été membre du Conseil Supérieur des Programmes au ministère de l’Éducation Nationale de 2013 à 2018 et a assuré des missions de coopération à France Éducation International.

Partant de son expérience d’enseignant, de syndicaliste, d’expert, l’ auteur revient sur l’histoire récente de notre système éducatif. Il formule des critiques de notre école et propose de nouvelles voies pour qu’elle s’ouvre enfin à la prise en considération de tous les élèves qui ne se retrouvent pas dans les contenus qu’on leur enseigne. Il propose des pistes pour que notre école tienne compte des bouleversements de la société française et du monde. Il aborde
la nécessité de mener un travail sur les finalités éducatives, sur la sélection des savoirs et sur l’exigence d’une éducation plus attentive aux processus de formation de la personne. Devant
l’ ampleur des problèmes que nous devons affronter, l’école ne peut se contenter d’enseigner ce qu’elle enseigne depuis un siècle. Ces analyses et propositions se résument dans le titre :
se connaître répond au processus d’individuation qui permet à la personne de grandir en comprenant qu’elle n’est rien sans les autres et donc sans construire en chaque jeune un processus inséparable de socialisation qui s’incarne dans l’ouverture aux autres et au monde. S’ouvrir et se relier, c’est répondre aux défis nouveaux qui inquiètent les jeunes générations à juste titre : l’état de la nature, de la planète Terre, le retour des nationalismes qui engendrent la guerre, les défis d’un développement moins fondé sur l’exploitation de la planète et des hommes.


L’auteur en parle

L’interview de Denis Paget par Paul Devin (Institut de recherche de la FSU) paru le 29 mai 2024


L’interview de Denis Paget par Lilia Ben Hamouda au Café pédagogique (11 juin 2024)


Comptes rendus de lecture

Le compte rendu de Jean-Michel Zakhartchouk dans les Cahiers pédagogiques du 23 octobre 2024.

Extrait : “[…] comment ne pas rejoindre l’auteur quand il insiste sur la dimension éducative de l’école (qui reste, selon lui, un « angle mort des politiques éducatives depuis l’expansion de la démocratisation ») ? De même insiste-t-il sur la nécessaire ouverture sur les « cultures du monde », plaide-t-il pour une « identité collective comme contribution et enrichissement de la culture du monde » et souligne-t-il l’importance de rejeter les oppositions simplistes entre connaissances et compétences (une mise au point en annexe tente de clarifier les choses).

Le travail fait au sein du CICUR va dans ce sens et se poursuit, loin, hélas, des projecteurs des médias et des litanies sur les « fondamentaux ». On lira donc avec profit des propositions qui ont encore à se concrétiser, à s’incarner dans des activités et des progressions, qui permettent de vrais débats sur « quoi enseigner ? » et sur les grands équilibres à trouver entre par exemple s’appuyer sur le passé et s’ouvrir au futur, entre le « travail des savoirs » et le « travail de soi ». Sans oublier la question de l’apprentissage de la démocratie et l’exercice des libertés, à l’heure où les jeunes s’abstiennent aux élections et rejettent les partis politiques.

Un livre donc stimulant, qui rejoint à bien des égards les préoccupations de notre revue et des mouvements d’éducation nouvelle.

Manifeste pour le collège

Roger-François Gauthier et Jean-Pierre Véran, Manifeste pour le collège : (p)oser les vrais termes du débat !, Librinova-CUIP, 2024.

Versions numériques (4,99€) sur toutes les plateformes.
Version papier (114 pages, 13,90€) sur le site de Librinova et dans toutes les librairies
.

Présentation de l’éditeur et table des matières

Les auteurs en parlent

Comptes rendus de lecture

Présentation de l’éditeur

Quand extrême droite et gouvernement prônent pour l’école un retour au passé imaginaire et que les « progressistes » peinent à s’affranchir du modèle élitiste de l’école existante, ce livre propose de penser pour le collège non un « choc des savoirs » réactionnaire, mais une scolarité commune à tous pour faire société, où les élèves se forment à l’ensemble des savoirs nécessaires aujourd’hui et à la démocratie. 

Pourquoi un Manifeste pour le collège ? Depuis cinquante ans, les gouvernants ont voulu « réformer » le collège et tous ont échoué à le faire faute de poser les vrais termes de sa démocratisation. Ils pensent même aujourd’hui lui appliquer de vieilles recettes qui vont renforcer son caractère ségrégatif et accroître ses fractures. À l’opposé de ces politiques, les auteurs proposent un nouveau cadre qu’ils soumettent au débat public.

Partant du fait que le collège est, durant quatre ans, l’école au cœur de la scolarité de tous les enfants, ils argumentent en faveur d’une nouvelle vision d’un collège à inventer, un collège qui soit le lieu d’une scolarisation épanouissante pour toute une génération au sein d’une même institution publique. Pour y parvenir, il est nécessaire de s’émanciper des modèles hérités du passé qui compriment en d’étroites frontières les possibilités d’action des enseignants comme des élèves.

Il ne s’agit pas seulement d’agir contre ce qui fait que le collège contribue plus à la sélection sociale qu’à l’ancrage d’une culture commune. Il s’agit aussi de questionner tous les savoirs qui sont traditionnellement ceux du collège, leur fondement et leur organisation. Il s’agit aussi, en élargissant la réflexion, de s’interroger sur un collège qui, dans le cadre de l’Etat, devrait être bien davantage relié à son environnement et à son territoire, et devrait être, pour les jeunes comme pour les adultes qui les encadrent, cette école active de démocratie dont la société a le plus grand besoin.

Roger-François Gauthier est l’auteur de plusieurs ouvrages concernant l’éducation, en France et ailleurs. Ayant été en France inspecteur général de l’Éducation nationale, mais aussi consultant à l’UNESCO, professeur associé à Paris-Descartes et invité de nombreuses universités et gouvernements étrangers, il est spécialiste de comparaison internationale en matière de contenus d’enseignement. Jean-Pierre Véran, responsable de l’actualité internationale à la Revue internationale d’éducation de Sèvres, est membre professionnel du laboratoire bonheurs (CY Cergy-Paris Université). Ses interventions dans le débat éducatif portent notamment sur le temps et les espaces scolaires, l’éducation aux médias et à l’information, et sur la gouvernance des organisations éducatives. Leurs réflexions émanent d’un travail conduit au sein du Collectif d’interpellation du curriculum (CICUR), dont ils sont parmi les membres fondateurs, sous l’égide du Comité universitaire d’information pédagogique (CUIP).

L’éditeur : Le Comité universitaire d’information pédagogique (CUIP) est une association loi 1901 qui a pour objet de participer au débat public sur les questions de pédagogie, d’éducation et de formation. À ce titre, le CUIP élabore, recueille et contribue à la diffusion de documents et d’informations relatifs à ces domaines. L’association s’inscrit dans la continuité des idéaux définis en 1949 par ses fondateurs, Louis Cros et Gustave Monod, fervents promoteurs de la démocratisation scolaire et des pédagogies nouvelles. Avec ce Manifeste, le CUIP renoue avec sa tradition éditoriale, brillamment illustrée par l’ouvrage de référence de Louis Cros L’Explosion scolaire, paru au CUIP en 1961, qui préfigurait la massification scolaire de l’après-guerre.

  • Avant-propos
  • Introduction : Pourquoi dire qu’il faut « inventer » le collège en France ?
    • Annexe 1 : Les attendus du collège unique formulés par René Haby
  • Chapitre 1 : Inventer un collège qui rompe avec la sélection excluante des élèves
    • Le collège unique « réel » n’a pas atteint ses objectifs
    • Les conditions structurelles de la démocratisation : mettre en œuvre le collège unique, mais permettre à tous l’enrichissement des scolarités
    • Les conditions pédagogiques de la démocratisation : retenir à ce stade l’idée de socle commun
    • Les conditions sociales de la démocratisation : faire de l’équilibre social des établissements une clause obligatoire
    • Les conditions des parcours : abandonner la sélection sociale majeure de l’orientation autoritaire de fin de troisième
    • Annexe 2 : G. Attal, l’éphémère ministre de l’Éducation nationale devenu Premier ministre a jeté les base d’une contre-réforme du collège
  • Chapitre 2 : Inventer un nouveau système de savoirs scolaires
    • Première rupture : poser enfin les questions sur ce que font les savoirs aux élèves et sur ce qu’ils en font ?
    • Deuxième rupture : définir les finalités du collège avant de définir et d’organiser les savoirs qu’il doit enseigner.
    • Annexe 3 : Culture(s) et Curriculum
    • Troisième rupture : ne plus prendre les programmes scolaires pour des références intangibles. Que valent-ils pour les élèves ? Répondent-ils au projet d’aider les élèves à se repérer dans les complexités du monde ?
    • Quatrième rupture : inventer des modalités d’évaluation des élèves qui témoignent de leurs apprentissages réels.
    • Cinquième rupture : pour des enseignants engagés pédagogiquement dans une nouvelle politique des savoirs.
    • Sixième rupture : réfléchir à un curriculum qui réalise un équilibre entre des directives nationales claires et impératives et une prise en compte des contextes des établissements et des territoires.
    • Annexe 4 : Des contenus de formation enrichis pour tous
  • Chapitre 3 : Inventer un collège lieu de décisions autonomes, dans le double cadre de la nation et du territoire
    • Faire du collège un centre d’échange de savoirs, intégré à la cité et au territoire
    • Faire de la communauté (quartier, commune, ensemble de communes, communauté départementale) un ensemble qui a intérêt à la qualité de son collège et qui met à sa disposition un ensemble de ressources
    • Faire du collège un acteur de la diffusion de la connaissance et de la réflexion au service des communautés (quartier, commune, ensemble de communes, communauté départementale, région)
    • Annexe 5 : L’intérêt d’une approche curriculaire
  • Chapitre 4 : Inventer un collège lieu d’apprentissage et d’exercice de la démocratie
    • Eradiquer les ghettos scolaires qui sont une injure à la démocratie
    • Inventer dans chaque collège un fonctionnement et un apprentissage de la démocratie vécu par les élèves
    • Le collège, pièce maîtresse d’une nouvelles politique éducative, fondée sur un curriculum démocratique
    • Annexe 6 : Lettre ouverte sur le collège, adressée par le Collectif d’interpellation du curriculum (CICUR) à M. le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, le 1er décembre 2023
  • Repères chronologiques sur l’évolution de la scolarisation au niveau collège en France
  • Repères bibliographiques sur le collège en France

Les auteurs en parlent
L’interview de Roger-François Gauthier et Jean-Pierre Véran dans les Cahiers pédagogiques du 7 octobre 2024.
La tribune de Roger-François Gauthier et Jean-Pierre Véran dans Le Monde (accès réservé)
L’interview de Jean-Pierre Véran au Grand JT de l’éducation sur Sqool TV le 31 mai 2024

Présentation de la chaine : “Manifeste pour le collège : (P)oser les vrais termes du débat !”, c’est le titre du livre et le cri du cœur de notre invité. Que pense-t-il de la refonte des savoirs fondamentaux et des réformes en cours ? Quid de la cohésion dans les établissements scolaires? Jean-Pierre Véran, enseignant et auteur, répond à toutes ces questions sur le plateau de Virginie Guilhaume.


Comptes rendus de lecture
Le point de vue de Bernard Desclaux sur son blog

Censurons la politique des savoirs menée dans l’École française !

L’enjeu des élections législatives de 2024 sur le futur de l’École et de l’éducation

À L’ÉVIDENCE, dans le cadre de l’actuelle campagne législative éclair, le temps manque pour que l’École soit traitée avec le soin dont elle a pourtant le plus grand besoin !

Deux constats s’imposent.

1. Les gouvernements des présidences Macron ont poursuivi avec constance une politique scolaire régressive à deux niveaux. Dans les discours, par démagogie, ce fut la mise en scène d’un retour à un passé abusivement décrit comme édénique. Dans la réalité, ce fut le renforcement sans complexe des fonctions de tri et d’injustice sociale de l’École. Accroître les fractures scolaires, notamment dès le collège, produit de dangereuses frustrations dans la jeunesse qui, à juste titre, n’accepte plus l’hypocrisie d’un jeu « méritocratique ». Le programme de l’extrême droite est symptomatiquement similaire, en allant encore un peu plus loin dans l’autoritarisme et la rétrogradation !

2. L’injustice et l’archaïsme du système scolaire français sont une réalité ancienne et de plus en plus saillante. Le mythe du retour à une période idyllique antérieure vient en fait cacher les effets délétères des politiques menées : contestation des acquis de la démocratisation d’une institution cruciale pour la démocratie, mise à l’écart des enseignants traités en simples exécutants, désorientations des familles…

Dans un tel contexte de crise, l’issue positive consiste à inventer en France une Ecole juste, fournissant aux élèves les outils de compréhension des complexités du monde, leur permettant de s’y repérer et s’y engager.

Aujourd’hui, l’agenda politique de l’École devrait faire ce qu’il n’a jamais fait : la priorité devrait être centrée sur l’invention collective d’un nouveau curriculum ayant pour objectif central de conduire tous les élèves à l’appropriation d’une culture commune émancipatrice, définie en référence à ce qu’on sait de l’humain.

Certes l’architecture d’ensemble du système sera à remettre sur le métier, mais aussi la nature des savoirs et compétences à acquérir, en ces temps d’ébranlement des anciennes certitudes qui rendent plus que jamais indispensable la réflexion sur l’éducation publique et sur sa dimension planétaire, que les dérèglements contemporains font si fortement ressortir.

Le choix de 2024 est donc clair : contre l’École de la fracture, choisissons de nous engager pour une École de la culture commune pour toute notre jeunesse.

Signataires

Philippe Champy, Sihame Chkair, Roger-François Gauthier, Laurent Gutierrez, Michèle Haby, Mélanie Jonquière, Lucie Mougenot, Régis Malet, Denis Paget, Patrick Rayou, André D. Robert , Mariem Siala, Jean-Pierre Véran.

Oser une école commune

Jean-Pierre Véran, Régis Malet (dir.), Oser une école commune – Savoir et agir pour faire société. Editions Berger-Levrault – Collection “Au fil du débat”.

Avec les contributions de Françoise Bougaeff, Bernard Desclaux, Faouzia Kalali, Luisa Lombardi, Régis Malet, Gian Franco Pordenone, Patrick Rayou, André Robert, Jean-Pierre Véran, Lijuan Wang

Présentation de l’éditeur

Les auteurs partent du constat que les réformes structurelles ne suffisent pas à améliorer la réussite et le bien-être de tous les élèves. Une réflexion sur les savoirs scolaires, sur leur nature, leur cohérence par rapport aux enjeux éducatifs de notre temps s’imposait. Dans un premier temps, le lecteur est amené à prendre conscience des nombreux implicites, des non-dits et des faux semblants de l’actuelle politique des savoirs. Puis, il découvre les alternatives possibles, à partir des quatre objectifs que fixent les auteurs : une école commune du partage réel des savoirs; une école des savoirs pour agir et vivre en société ; une école visant à instituer une société plus juste ; une école repensant le travail scolaire et éducatif. Dans un deuxième temps, à diverses échelles (nationale, régionale, locale) et dans divers pays (France, pays d’Europe, Canada), les contributions illustrent, à partir de pratiques diversifiées, convergentes ou distinctes, des chemins possibles pour refonder la politique des savoirs. Cet ouvrage, issu d’un travail collectif dans le cadre du Collectif d’interpellation du curriculum (CICUR), rassemble autour de Jean-Pierre Véran et Régis Malet une équipe de chercheurs, d’enseignants et d’experts qui souhaitent la mise en place d’une politique des savoirs radicalement nouvelle.

Préface de Patrick Rayou et André D. Robert.
« Collectif citoyen réunissant des personnes venant d’horizons professionnels, personnels et idéologiques divers, le CICUR, constitué en 2020, pose un constat : les réformes en général, celles des programmes d’enseignement en particulier, ne parviennent pas, en France, à rendre les scolarités plus efficaces ni plus justes ; qui plus est, elles n’entraînent plus la conviction d’aucune des parties sur les terrains de leur mise en œuvre. L’absence de confiance de la population dans une École qui ne tient pas ses promesses et ne parvient pas à surmonter échec scolaire, décrochage et orientations excluantes est un phénomène aux lourdes conséquences, qui menace le pays de deux façons : par un gâchis des talents et par une rupture potentiellement dangereuse du contrat démocratique. Or nous, membres du CICUR, pensons qu’une politique radicalement différente de celle qui s’est élaborée depuis soixante ans est possible, et que celle-ci doit être reformulée en termes curriculaires, en termes de savoirs, de choix et d’organisation des savoirs, que la plupart des analystes ne mettent jamais en cause dans le constat de l’absence de sens de l’École auprès d’une large partie de la jeunesse et dans la production des inégalités elles-mêmes. Quelle politique et qu’est-ce qui peut nous aider à la penser ?
Le présent livre s’inscrit dans la volonté de répondre à ces questions, non de manière purement rhétorique, mais en s’appuyant sur les expériences, travaux, réflexions d’une pluralité d’acteurs concernés (enseignants, parents, élèves, administratifs, chercheurs, etc.) et dans une pluralité de territoires, y compris hors de France.
Cet ouvrage n’est pas un traité de politique curriculaire qui donnerait, clés en main, la liste des mesures à prendre pour construire une École du commun. Il est, d’une certaine manière, bien plus que cela, car il ouvre des pistes nouvelles pour prendre en charge une question qui requiert l’analyse et l’action collectives. Après un exposé des principes qui guident le travail de réflexion et de proposition du CICUR, il recherche en effet, dans des processus déjà en cours dans différents pays, des manières d’insuffler des préoccupations curriculaires dans les politiques scolaires. La première voie est celle de l’approche par les dispositifs, qui présente l’intérêt de confronter les logiques de l’action publique aux caractéristiques, culturelles notamment, des contextes dans lesquels elles interviennent ; la deuxième prend en compte un aspect souvent oublié dans la construction et la mise en œuvre des programmes solaires : ce que l’École fait aux élèves comme sujets, notamment par le biais de leur orientation ; la troisième se focalise sur la scolarisation des pratiques numériques contemporaines, immense défi à relever mais aussi remarquable opportunité de faire de l’École elle-même un instrument privilégié de démocratisation de la société.
Nous invitons les lectrices et lecteurs à franchir avec nous ces quelques portes ouvertes dans la boîte noire que constitue encore l’École et à contribuer à en ouvrir d’autres pour contrecarrer les logiques de reproduction sociale qui prospèrent à l’abri des regards. »

Les auteurs en parlent

Jean-Pierre Véran et Régis Malet : « Mieux d’école plutôt que plus d’école », propos recueillis par Djéhanne Gani, Café pédagogique, 4 février 2025.

En présentation du livre, Régis Malet est interviewé par Virginie Guilhaume dans le Grand JT de l’Education sur Sqool TV, le 10 février 2025.